Smartgrid Paris 2015 : un cheveu sur la soupe

La grande messe des objets connectés et autres smartgrids est en train de se dérouler depuis le 28 mai à la Défense avec tout plein de conférences et d’intervenants pour vanter cette nouvelle mode du tout connecté. J’avais déjà fait une analyse sur les compteurs intelligents et sur le fait que le monde connecté n’était pas si rose et quand j’ai vu un tweet du community manager de cette conférence, je n’ai pas pu m’empêcher de mettre mon petit grain de sel 🙂

SG2015_twitter_1

Ma première intervention concernait la création d’emplois en France dans le secteur du smartgrid, anglicisme pour dire réseau électrique interconnecté. L’un des intervenants, Laurent Schmitt, avait indiqué que ces technologies allaient créer tout plein d’emplois en France, d’où l’utilité de déployer assez rapidement ce type de réseau notamment avec Linky. Bien sûr, ce que l’on passe sous silence, c’est que tous les emplois qui dépendaient de l’exploitation locale du réseau allaient disparaître car avec les compteurs connectés électriques plus besoin de personne sur place, excepté pour les installer. Du coup tout le travail devient hyper-centralisé, puisque plus besoin se déplacer pour couper ou mettre en route un compteur, ni pour faire la relève des consommations.

SG2015_twitter_2

La réponse du CM ne fait aucun doute, l’emploi sera au rendez-vous et s’en remet à l’employé d’Asltom qui bien sûr n’a aucun intérêt à dire le contraire puisque sa société l’a certainement mandaté pour défendre cette activité. D’ailleurs sa réponse est qu’il faudra mettre en place des formations, comme-ci on pouvait transformer de la main d’œuvre peu qualifiée en ingénieur en un claquement de doigts … De plus nos politiques qui n’ont pas l’air de comprendre grand chose à l’économie numérique et surtout qui n’anticipent pas grand chose car sans s’en rendre compte ils sont en train de créer des emplois délocalisables. Car avec ce type de réseau électrique, il est tout à fait envisageable de l’exploiter de n’importe quel lieu de la planète qui soit un minimum connecté et comme les salaires français ne sont pas connus pour être très attractif, je vous laisse imaginer la concurrence avec une info-gérance indienne … (Ou d’autre pays, je n’ai rien contre les Indiens 🙂 ).

Après le mirage de l’emploi créer par ces technologies, le lendemain on passera à la question de la vie privée liée aux objets connectés que des sociétés essayent d’introduire dans notre quotidien, sans que la plupart des gens se rendent compte à quel point ils sont intrusifs. Les données personnelles ont réussi à être valorisées en monnaie sonnante et trébuchante, son exploitation s’apparente en fait à celle d’une exploitation minière. En premier lieu il faut extraire l’information, on parle de data mining ou minage de données, ensuite vient le stockage, l’exploitation et la vente de ces données, ce schéma faisant partie du Big Data qui lui aussi est encensé et devrait créer tout plein d’emplois … Donc le premier maillon de cette chaîne, c’est d’extraire ces fameuses données personnelles et une partie de cette extraction est faite par ces fameux objets connectés qui peuvent collecter différentes informations comme des paramètres de votre santé, de votre réseau social et j’en passe.

SG2015_twitter_3

Je fais donc une nouvelle remarque comme quoi s’ils savaient vraiment à quoi servait ces objets connectés, par sûr que les utilisateurs soient vraiment aussi euphorique que nos intervenants, et d’ailleurs dans l’intérêt de ces sociétés qui produisent ces joujoux hight tech, ils n’auraient pas intérêt à ce que ça se sache car il y a une forte chance que les utilisateurs abandonnent leurs utilisations. En effet, le jour ou un utilisateur voudra souscrire une assurance ou un prêt pour une maison et qu’on leur dira que son IMC (indice masse corporelle) dépasse la norme, ou qu’il ne fait pas assez d’exercice, et que le risque de faire un infarctus est plus important statistiquement, et qu’en conséquence de quoi la prime de risque sera augmentée, pas sûr que le Big Data soit apprécié très longtemps …

SG2015_twitter_4

Pour moi le fait que les gens utilisent ce genre d’objet ou utilisent certains outils est dû à l’inconscience de la transmission des données personnelles et surtout de leur utilisation finale, mais pour la CNIL c’est lié au concept de privacy paradoxe ou en bon Français paradoxe de la vie privée. Alors certes quand j’utilise ce blog ou que j’utilise le mail de Yahoo, je sais que je transmets des informations personnelles (quand c’est gratuit, c’est vous le produit 🙂 ) mais quand j’achète un objet connecté, le lien est franchement moins évident surtout que l’on paye déjà l’objet à l’origine et en plus les sociétés revendent les informations qu’elles récoltent, en gros elles se rincent deux fois sur le dos du consommateur, pas sûr qu’ils apprécient encore une fois.

Jusqu’à maintenant j’évitais le sujet des ondes, surtout que ça ne devait pas être leur sujet de préoccupation principale, c’était sûrement le business, mais il fut un temps ou l’animateur du compte Twitter de cette conférence a commencé à me demander de venir, a priori mes interventions n’étaient pas si idiotes que ça et que j’aurais pu poser directement les questions aux intervenants. Et là ce fut le drame, j’ai annoncé que ça n’allait pas être possible car j’étais électrosensible et ça a été la fin des communications, dommage c’était intéressant mais bon il faut croire que l’on perd tout crédit dès que l’on annonce avoir des problèmes liés aux ondes, la société n’est décidément pas encore prête à l’accepter surtout que c’est pas bon pour leurs affaires …

SG2015_twitter_5

@+ Jay

3 réflexions sur “Smartgrid Paris 2015 : un cheveu sur la soupe

  1. Témoignage assez intéressant et il est toujours d’actualité, une partie de la technologie est en train d’asservir l’homme et le pire, c’est avec sa bénédiction. Par contre, le jour ou cette même technologie sera déclaré nocive, il n’y aura personne de responsable malgré les dommages qu’elle aura fait. Quelle belle société que nous avons là, ma maladie m’aura permis au moins une chose dans ma vie, de m’en libérer en partie.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.