La mutualisation, oui mais pas n’importe comment

L’arrivé de Free dans le paysage de la téléphonie mobile en 2012 n’a pas été sans conséquence pour les autres opérateurs qui ont vu leurs bénéfices s’effondrer à cause de la politique tarifaire agressive du nouveau venu. Afin d’amortir le choc, les opérateurs Bouygues Télécom et SFR ont choisi d’opter pour la mutualisation de leurs infrastructures, ce qui en plus d’avoir un impact sur la réduction des coûts d’exploitation, risque aussi de modifier sensiblement les niveaux d’expositions aux ondes électromagnétiques.

carte_mutualisation_SFR_Bouygues

L’onde de choc dans le marché de la téléphonie qu’a provoqué l’arrivé de Free a fait pas mal de dégât, bénéfice en berne, licenciement même si l’INSEE dit le contraire sauf que les statistiques ne concernent que les emploies directes, quand on sait qu’une partie de ces sociétés se reposent sur des prestataires de service comme fusible, il y a de quoi relativiser. Malgré tout, les opérateurs historiques ont maintenu leurs investissements, 10 milliards d’euros en 2012, soit près de 2 milliards de plus qu’en 2011 sauf qu’il était assez simple de deviner que les opérateurs historiques qui profitaient d’un marché oligopolistique (entente sur les prix) ne pouvaient plus maintenir leur train de vie sans agir pour redresser la barre. Les opérateurs ont joué sur plusieurs paramètres, dans un premier temps, l’ajustement par les prix que ça soit sur les forfaits mobiles ou ADSL pour endiguer l’hémorragie de clients qui partaient à la concurrence. Mais aussi en faisant des économies sur le personnel comme avec la création de filiales low-cost qui propose le minimum en terme de service et du côté des infrastructures certains opérateurs ont voulu maîtriser les coûts d’exploitations, ce qui en plein déploiement de la 4G semblait un peu compliqué, mais SFR et Bouygues Télécoms ont trouvé une parade : la mutualisation de leurs réseaux.

Le vendredi 31 janvier dernier, les PDG des opérateurs Bouygues Télécoms et SFR, respectivement Olivier Roussat et Jean-Yves Charlier, ont annoncé un accord de mutualisation de leurs infrastructures passives et actives. C’est-à-dire qu’ils vont partager les sites et les locaux mais aussi les stations de bases (2G, 3G et 4G) dans le but de se repartir la couverture en téléphonie mobile de la métropole et de l’améliorer dans les zones considérées comme peu denses. Cette mutualisation va concerner 57% de la population et les deux opérateurs vont réduire leurs parcs d’antennes-relais de 17500 à 11500. Autre objectif, faire des économies d’échelles, même si dans un premier temps la réorganisation sera une charge de plusieurs millions d’euros, à terme les coûts en maintenance pourraient être réduits de 30% et les investissements seraient réduits de 20% selon des experts (Les Echos). Les opérateurs vont donc se partager le territoire, comme indiqué sur la carte ci-dessus, Bouygues aura en charge la zone bleue, la Bretagne, le centre et le sud-est et pour SFR la zone en rouge, c’est-à-dire tout le reste y compris la Corse. À noter que les zones grises sont les villes qui ne seront pas concernées par cette mutualisation, ce sont les 32 plus grosses agglomérations de plus de 200 000 habitants, zones urbaines considérées comme dense où chacun conservera son infrastructure existante.

Dans mon article « Free un mal pour un bien ? » j’avais prévu le scénario de la mise en commun des infrastructures en réponses aux offres agressives du nouveau venu dans le monde de la téléphonie mobile et je considérais à l’époque que ça pouvait être une bonne chose en ce qui concerne l’exposition aux ondes. Je pensais que s’il y avait mutualisation il y aurait moins d’antennes et donc que l’exposition serait réduite, raisonnement assez basique mais qui ne s’applique pas forcément en téléphonie mobile. En effet j’avais pas à l’époque tous les éléments à ma disposition pour bien comprendre qu’il y avait une bonne et une mauvaise mutualisation. Suite au rapport du COPIC qui a démontré qu’il valait mieux avoir plus d’antennes mais mieux reparties afin d’homogénéiser l’exposition alors que la mutualisation qui va être mis en place aura pour conséquence de concentrer les points d’expositions. Il est vrai qu’il y aura potentiellement moins de points chauds puisque moins d’antennes, à relativisé car Free déploie lui aussi son réseau, par contre les expositions ont de grandes chances d’être plus fluctuante par rapport à la sollicitation du réseau, le député François Brottes avait indiqué qu’il y avait une différence d’exposition de 33% entre une antenne au repos et en pleine charge sauf que pour le coup il y aura les clients des deux opérateurs sur une même antenne, donc si dans un avenir proche vous souhaitez faire un diagnostique dans votre environnement il faudra prendre en compte ce paramètre, si c’est en ville il faudra privilégier de les faire le soir ou les week end et si c’est dans une zone industrielle en plein journée sinon vous risquez de mesurer les limites basses de l’exposition. La bonne mutualisation serait de mettre en commun l’ensemble des infrastructures existantes et de les repartir au mieux mais nos gouvernements s’accrochent au dogme de la concurrence par les infrastructures pour pérenniser le système de vente de licence qui rapporte gros à l’état et donc ça ne risque pas de changer de si tôt.

@+ Jay

Articles sur le sujet :

Numérama.com : SFR et Bouygues Telecom mutualisent leur réseau en zone rurale
01net.com :Mutualisation: l’accord entre SFR et Bouygues secoue le marché des mobiles
LesEchos.fr :La carte qui explique comment Bouygues et SFR vont se partager la France
LesEchos.fr :Bouygues Telecom et SFR prêts à mettre leurs réseaux en commun
Zdnet.fr :Mutualisation réseaux: BouyguesTel et SFR bouclent leur accord
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