NTP, Ramazzini, plus qu’une coïncidence

Source : More Than a Coincidence – Microwavenews.com – 20/02/2018

New Large Animal Study, Like NTP’s, Links RF to Schwannoma of the Heart

C’est arrivé encore une fois

Une seconde étude scientifique de grande envergure a trouvé des tumeurs au niveau des cellules de shwann (schannome) situées au niveau du cœur de rats mâles exposés à des radiofréquences ».

Ces nouveaux éléments proviennent de l’institut Ramazzini de Bologne en Italie.

Les schwannomes malins du cœur découverts dans l’étude italienne sont les mêmes que ceux qui ont été décrits un peu plus tôt ce mois-ci dans l’étude américaine du programme national de toxicologie (NTP) et dont la préoccupation était de savoir si l’exposition aux radiations du téléphone portable, que ça soit du GSM ou du CDMA (NDRL: Norme américaine), pouvait mener à l’apparition de cancers. Le projet italien commença en 2005, au même moment où le NTP était en plein rush.

La publication d’un article scientifique détaillé de l’expérimentation italienne est attendue dans la semaine qui vient au sein de la revue « Environmental Reseach » , un journal scientifique avec comité de lecture.

« C’est une étude positive et cela va renforcer les résultats de l’étude du NTP sur le rat, » indique Tony Miller à Microwave News, un professeur d’épidémiologie émérite de l’université de Toronto, qui est l’un des rédacteurs invités de notre journal sur des questions précises comme l’article de l’institut de Ramazzini. Le professeur Miller s’est abstenu néanmoins de dévoiler d’autres éléments avant la publication à venir.

La directrice de recherche de l’institut de Ramazzini, Fiorella Belpoggi, a présenté les résultats préliminaires de l’étude cet automne. Dans un discours au symposium du colleguium Ramazzini annuel, aussi connu sous le nom des « jours de Ramazzini » en fin octobre, Mme Belpoggi a évoqué les constatations des schwannomes du cœur chez les rat mâles exposés aux radiations issues des radiations de la norme GSM de téléphonie mobile selon plusieurs participants à cette réunion. (Le résumé de l’article scientifique est disponible ici)

C’est plus « qu’une simple coïncidence », pouvait-on entendre comme réponse auprès des initiés des études toxicologiques qui ont pris connaissance de ces nouveaux résultats. Personne n’a voulu parler de ce sujet avant que chacun puisse prendre connaissance en détail de cette étude. « c’est assez surprenant vu que les schwannomes malins du cœur sont plutôt rares comme type de cancer, » indiqua une des personnes interviewées.

Dans un échange par mail, Mme Belpoggi a confirmé que son article serait disponible en ligne dans quelques jours. Elle ne fera aucun commentaire supplémentaire.

Dans cette étude scientifique, un total de 2 448 rats a été exposé au cours de leurs vies entières à des radiofréquences de 1.8GHz, le même type de rayonnement que le GSM. Cette étude a été conçue pour simuler l’exposition issue de station de base (antennes relais). Les rats ont été exposés à des valeurs de 5, 25, 50 V/m pendant 19 heures par jour depuis le jour de leurs naissances jusqu’à leur décès. Le débit d’absorption spécifique n’a pas été fourni dans le résumé de l’article scientifique. Mais plus le rat grossissait, plus le DAS devait diminuer. (Les expositions du NTP étaient d’une fréquence de 900MHz et étaient limitées à deux ans.)

Les cellules de Schwann au centre de l’attention

Les cellules de Schwann jouent un rôle-clé dans le fonctionnement du système nerveux périphérique. Elles produisent les gaines de myéline qui isolent les fibres nerveuses et augmentent la vitesse de conduction des impulsions électriques. Ces cellules se retrouvent partout où il y a la présence des nerfs périphériques. Ils sont présents dans la plupart des organes du corps, que ça soit chez l’homme, la souris ou le rat. Les tumeurs des cellules de Schwann sont appelées Schwannomes.

L’étude du NTP a trouvé des schwannomes dans plusieurs organes, en plus du cœur, chez les rats qui ont été exposés chroniquement aux radiations du téléphone portable. Cela inclut une variété de glandes (salivaire, thymus et hypophyse), les nerfs trijumeaux et au niveau des yeux. Le NTP a relevé que l’incidence des schwannomes combinés dans les divers organes était « généralement plus élevée » chez les rats exposés, mais ce n’était pas « assez significatif » par rapport au groupe de contrôle. Il n’en reste pas moins, que ce taux a doublé à 3 W/kg, le niveau d’exposition intermédiaire, et était encore plus élevé à 6 W/kg (Tableau A-2).

Le NTP a observé des schwannomes dans les utérus, les ovaires et le vagin des rats femelles.

« Il y a beaucoup de fibres nerveuses qui sont entourées par des cellules de Schwann, » nous a indiqué David Carpenter par mail. « Nous sommes en train d’apprendre que si l’exposition est concentrée à un endroit, comme à la tête, les schwannomes sont susceptibles d’apparaître au niveau du nerf auditif, alors que si l’exposition est au niveau du corps entier, ils peuvent apparaître n’importe où comme au niveau du cœur ». Le docteur Carpenter qui est un neurophysiologiste aguerri, est le directeur de l’institut pour la santé et l’environnement de l’université d’Albany de l’État de New York.

« Cela peut arriver que d’autres tumeurs apparaissent dans d’autres organes comme la prostate, le pancréas, la thyroïde et le foie dans l’étude du NTP, » ajouta le docteur Carpenter. « Ces observations suggèrent qu’il y a plus d’organes concernés que ce que l’on avait préalablement documenté chez l’humain à ce jour ».

Les cellules de Schwann, une forme similaire de cellule gliale

Le cerveau, qui fait partie du système nerveux central, ne contient pas de cellules de Schwann. À la place, on retrouve les cellules gliales qui ont une fonction similaire. En fait, les cellules de Schwann sont un type de cellule gliale. Comme le souligne le rapport du NTP dans un extrait de son rapport sur son étude de provocation chez le rat :

« Les cellules de Schwann sont similaires aux cellules gliales dans le cerveau dans le sens où elles sont des cellules spécialisées qui ont pour fonction de maintenir l’homéostasie, de créer la myéline et de fournir un support et une protection pour les neurones du système nerveux périphérique ».

Les tumeurs des cellules gliales sont appelées gliomes. Le NTP a aussi constaté une augmentation de ces gliomes chez les rats mâles exposés aux radiations de type GSM et CDMA.

Des taux plus élevés de gliomes ont été constatés dans un certain nombre d’études épidémiologiques sur les utilisateurs de téléphone portable. Les autres tumeurs qui seraient liées aux radiations du téléphone portable dans certaines études scientifiques sont les neurinomes acoustiques, une tumeur du nerf auditif. C’est un type de schwannome, appelé plus formellement shwannome vestibulaire.

Alors que les schwannomes et les gliomes sont des tumeurs non cancéreuses, elles peuvent se transformer en schwannome malin ou en glioblastome (cancer malin aussi). Les deux peuvent s’étendre et de plus, ce sont de vrai cancers.

Il apparaît soudainement donc un schéma cohérent des données émergentes sur l’homme et l’animal concernant le lien entre radiofréquences et cancers dont les tumeurs des cellules de Schwann et gliale sont à son épicentre. L’implication de ce nouveau paradigme est qu’au lieu de chercher un lien entre radiofréquences et cancers dans des organes spécifiques, l’accent devrait être mis sur des types de cellules spécifiques en commençant par les cellules de Schwann pour le système périphérique et sur les cellules gliales au niveau du cerveau.

Les lignes électriques liées aussi aux Schwannomes du cœur

Assez intéressant pour le noter, un précédente étude de l’institut de Ramazzini s’était intéressée à l’action d’une dose de radiations gamma (radiations ionisantes) combinée à une exposition aux basses fréquences (50Hz) pendant toute la durée de la vie et qui a mené à l’observation statistiquement significative du nombre de schwannomes du cœur chez les rats mâles même à une exposition assez limitée de 20 µT (200mG). Ces résultats avaient été publiés dans la revue « International Journal of Radiation Biology » en 2016 mais n’avaient pas vraiment attiré l’attention.

Dans cet article, Les chercheurs italiens ont précisé que les schwannomes malins du cœur sont « des tumeurs rares chez les rongeurs, comme cela l’est chez l’homme ». Ils précisent dans leur article :

« Le schwannome malin du cœur n’est pas une tumeur très fréquente chez les rats mâles de type Sprague-Dawley de notre colonie. Sur les 2 415 mâles, l’incidence globale de cette affection est de 0.7% (entre 0 et 2%)

Tout comme l’étude de Ramazzini, le NTP a utilisé des rats de souche Sprague-Dawley pour ses études d’exposition.

Est-ce l’heure pour l’IARC de réévaluer les radiofréquences ?

Dans son discours d’octobre dernier, Mme Belpoggi indiqua que les résultats du NTP a eux seuls devraient donner lieu à une réévaluation de la part de l’agence de recherche sur le cancer (IARC) de sa classification de 2011 qui avait défini les radiofréquences comme cancérogène « possible » pour l’homme, et peut-être de classer ces radiations comme cancérogène « probable ». Mme Belpoggi continua en indiquant que si l’étude de Ramazzini confirmait les résultats du NTP, cette réévaluation devrait être urgente.

Il apparaît donc que les équipes de l’institut de Ramazzini ont partiellement répliqué les résultats du NTP.

Historiquement, il y a des liens assez forts entre le NTP et l’institut Ramazzini, menant à plusieurs de nos interviewés de penser que le NTP est probablement bien au courant des constatations communiqués par Mme Belpoggi depuis un certain temps. John Bucher, Le directeur de recherche du projet sur l’exposition des radiofréquences sur l’animal, n’a pas immédiatement répondu à notre demande d’interview.

Le numéro spécial de la revue Environmental Research avec l’article de l’institut de Ramazzini a été évoqué lors de présentations à un forum sur les radiations des technologies sans fil et sur la santé humaine qui se sont tenues à Israël au mois de janvier 2017. Mme Belpoggi y a tenu un discours, elle a réitéré ses propos 9 mois plus tard au jour du symposium de l’institut de Ramazzini. La réunion d’Israël avait été organisée par l’association Environmental Health Trust.

Pour plus d’informations sur l’étude du NTP, suivre ce lien.

@+ Jay

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