Traduction de l’article : « Electromagnetic Hyper-Sensitivity and Nocebo: What was first – “the chicken or the egg” ?
Auteur : Professeur Dariusz Leszczynski
Source : betweenrockandhardplace.wordpress.com
Dans l’hypothèse de l’effet nocebo, il est avancé que les gens prennent conscience en premier, grâce aux journaux ou aux médias sociaux, des possibles risques sanitaires des objets émetteurs de champs électromagnétiques et par la suite les craintes sur ces risques conduisent à développer des symptômes qui sont attribués à l’exposition aux ondes électromagnétiques. Induisant que c’est la connaissance des risques sanitaires qui précède le développement des symptômes de l’électrosensibilité. Cet ordre des choses conduit à l’argumentation que l’électrosensibilité est une maladie psychologique voire même psychiatrique, n’ayant aucun lien avec l’exposition aux ondes. Ces gens souffrent mais ils associent à tort leurs souffrances avec les ondes. C’est le point de vue dominant de l’ICNIRP et de ses « apôtres » comme avec le projet EMF de l’Organisation Mondial de la Santé.
Dans un récent article sur le meeting BioEM2025 à Asilomar aux USA, j’ai avancé que l’effet nocebo ne réfute aucunement l’existence de électrosensibilité et que les études disponibles à l’heure actuelle sont inutiles pour prendre quelque décision que ce soit sur l’existence ou non du lien de causalité entre l’électrosensibilité et l’exposition aux champs électromagnétiques.
Une étude française publiée récemment (Bioelectromagnetics, DOI: 10.1002/bem.21937) semble conforter ma position, elle tend à démontrer l’hypothèse que l’effet nocebo est fausse. Cette étude intéressante a été réalisée par le docteur Maël Dieudonné de l’institut des sciences de l’homme, du centre Max Weber à Lyon et pose la question suivante : « Est-ce que l’électro-hypersensibilité a pour origine une réponse de type nocebo ?« .
La réponse de la Doctorante est… non. Il apparaît que les gens tombent malade en premier et recherche les causes avant de se rendre compte que ce sont les ondes qui sont les déclencheurs probable des symptômes. Étant donné que c’est un auto-diagnostique, c’est donc juste une preuve empirique de la causalité. Cependant, cette étude écarte la notion que l’électrosensibilité serait purement une maladie psychologique ou psychiatrique, causée juste par les craintes des expositions aux champs électromagnétiques.
Le docteur Maël Dieudonné présente 7 étapes dans le développement de l’électrosensibilité :
- 1° Survenue des symptômes
- 2° échec des solutions médicales
- 3° Découverte de l’électrosensibilité
- 4° Récolte d’information sur le sujet
- 5° apparition d’une conviction implicite
- 6° expérimentation
- 7° acceptation consciente de la conviction
… Il y a donc quelques étapes entre la survenue des symptômes et l’apparition de la conviction que les champs électromagnétiques sont peut-être la cause.
Quelques extraits de l’article scientifique :
[…] la plus intéressante caractéristique dans le processus d’attribution par ces sujets, c’est que la maladie survient avant que l’environnement soit suspecté, et que l’exposition aux champs électromagnétiques soit interprétée comme toxique et responsable à leurs yeux. Combien de temps prend ce processus, c’est compliqué à définir car les sujets ne peuvent pas toujours se remémorer exactement quand les symptômes sont apparus (c’est inévitable quant cela date depuis un certain nombre d’années). Il n’y a pas de doute qu’ils se sentaient déjà malade (stage 1) car ils cherchent, et échouent, à obtenir une réponse médicale (stage 2) quand ils commencent à se questionner sur les effets des ondes sur leurs santés (stage 4) […]
[…] Par conséquent, il semble très improbable que la maladie trouve son origine dans des attentes défavorables liées aux champs électromagnétiques. Le cercle vicieux de l’électrosensibilité, en supposant que le modèle correspondant soit correct, est peu probablement déclenché par l’environnement médiatique, même avec une personnalité qui pourrait favoriser une réponse psychologique. Cela se rajoute plutôt avec une condition de santé déjà préexistante, c’est donc la résultante d’une motivation à appréhender un état de santé. En revanche, cela ne veut pas dire non plus que l’effet nocebo n’est pas impliqué dans la genèse de l’électro-hypersensibilité.[…]
[…] La responsabilité des médias sur la question de la nocivité des ondes dans le développement de cette condition ne devrait pas être surestimée. Cela a un effet, et certainement concrétise la perception du risque des ondes. Mais pour ceux qui souffrent, l’électrosensibilité n’est pas considérée comme un risque, mais comme une explication à leur situation médicale précaire.[…]
[…] Différentes causes devraient donc être considérées en ce qui concerne les symptômes originaux expérimentés par les électrosensibles. Stress technologique et conditionnement de l’inconscient, comme mentionné plus haut, maladie chronique idiopathique ou état psychiatrique; dérégulation du système nerveux autonome qui pourrait amplifier des réponses à des stimulus sensoriels, véritable sensibilité aux champs électromagnétiques, etc… […]
Clairement, l’étude du docteur Maël Dieudonné contredit l’hypothèse de l’effet nocebo propagée par l’ICNIRP et l’OMS. Personnellement, cela indique un besoin urgent de faire des études fiables sur cette pathologie afin de récolter des données objectives, au lieu de subjectives du type « qu’est-ce que vous ressentez ».
Nous vivons dans un monde médiatique où, que l’on veuille ou non, que l’on soit intéressé ou pas, nous avons connaissance que quelque chose comme l’électrosensibilité est débattue et cela doit, consciemment ou non, affecter notre perception.
En contrepartie, cela rend quasiment impossible d’avoir la preuve de la provenance de ce phénomène, est-ce les craintes au sujet des ondes ou les symptômes des électrosensibles qui sont venus en premier. C’est le paradoxe de l’œuf et de la poule.
Je dois réitérer le fait encore une fois que les études effectuées jusqu’à maintenant sur l’électrosensibilité, où l’on demande le ressenti des sujets, (James Rubin, Rodney Croft, Gunhild Oftedal, Martin Röösli ou Maël Dieudonné), ne vont jamais résoudre la problématique de l’électrosensibilité et la question de la causalité des ondes car elle repose pour le moment sur des données subjectives. Dans aucune de ces études, il n’y a de données objectives obtenues et utilisées pour prouver ou non le lien de causalité entre l’intolérance aux ondes et les champs électromagnétiques. L’approche de ce type de recherche est peut-être bonne pour des études sociologiques mais ce n’est pas suffisant pour déterminer les causes de maladies ayant des manifestations physiologiques.
Comme je le soutient depuis un certain nombre d’années, sans étude expérimentale qui examinerait les réactions physiologique et biochimique des tissus humains ou des organes à la suite d’une exposition aux champs électromagnétiques de basse intensité, nous continuerons à collecter des informations subjectives qui sont fondées uniquement sur des témoignages et non sur des preuves scientifiques. C’est comme si on diagnostiquait un problème cardiaque basé seulement sur ce que dirait le patient, sans faire aucun examen médical ou de test… Sans étude biochimique, nous allons donc continuer à débattre comme des enfants, « oui, non, peut-être bien que oui » et la même chose ainsi de suite… Ad nauseam.
@+ Jay
PS : Pour ceux qui seraient intéressés par l’article complet, ils peuvent contacter l’auteur, Maël Dieudonné, directement via son mail : mael.dieudonne@univ-lyon2.fr
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Bonjour Jay et merci pour cet article !
En ce qui me concerne, c’est seulement 3 mois Après avoir bien plongé et devenu bien « malade » que j’ai compris de quoi je souffre(ait) !
Et j’ai repris partiellement le dessus sur cette « maladie » (+++ force, — symptômes) uniquement grâce à mes recherches des réponses dans les rapports des scientifiques « indépendants » mondial, et au bout de plusieurs mois de fouilles sur internet et bien acharnées
(Mon métier technique m’impose de toujours chercher la cause exacte et ensuite appliquer le remède juste qui convient bien, et ne pas traiter uniquement les symptômes comme certains m…)
Si je n’avais pas déjà un certain bagage technique et un esprit de chercheur ,j’aurais peut-être depuis un an, déjà fini dans un « accident de personne » dans les transports …
@+
Bonjour,
Le problème est que vous ne reprenez que la moitié des conclusions de l’étude de Maël Dieudonné, sans comprendre qu’elle valide en fait l’hypothèse généralement favorisée, y compris pas l’OMS, pour expliquer ce phénomène de l’électrosensibilité (qu’elle soit vraie ou prétendue).
Cette hypothèse, la voici : l’électrosensibilité a pour origine une situation où un patient attribue aux champs électromagnétiques un symptôme médicalement non expliqué (ou « MUS »). Cette attribution apparait à l’auteur de l’étude très irrationnelle (l’article est très explicite la dessus – cf le refus de tout aspect qualitatif). L’effet nocebo n’explique pas l’origine du phénomène dans tous les cas, mais peut-être dans certains cas quand même, et il peut contribuer à confirmer cette attribution dans l’esprit du patient pour les autres.
Le MUS peut être du, toujours suivant l’auteur, à beaucoup de causes. L’auteur cite ainsi plusieurs possiblités dans le passage que vous reprenez : « stress technologique et conditionnement inconscient (là on retrouve l’effet nocebo…), maladie chronique idiopathique (cela veut dire dont la cause est inconnue), état psychiatrique (j’imagine que ce n’est pas votre explication préférée mais elle est citée), dérégulation du système nerveux autonome qui pourrait amplifier des réponses à des stimulus sensoriels (phénomène documentée dans la littérature mais dont l’origine et le traitement sont malheureusement pour l’instant inconnus) »… Seulement à la toute fin de cette liste, l’auteur cite la « vraie sensibilité aux champs électromagnétiques ». On comprend ainsi que dans son esprit la réalité de l’action des ondes est très loin d’être évidente, puisque la sensibilité vraie est la dernière hypothèse citée…
Un traitement de l’hypersensibilité ne pourra être possible que si on identifie l’origine de ce MUS précisément. Il est possible (probable ?) que cela dépende des patients. Malheureusement, en attribuant beaucoup trop rapidement ces symptômes aux ondes électromagnétiques, on ralentit la possibilité d’un réel traitement en enfermant le malade dans un interprétation bien peu probable, compte tenu de ce que l’on sait par ailleurs sur l’action des ondes sur le vivant, et des essais en double aveugle de provocation contrôlée.
Bon courage dans tous les cas,
Joe
Bonjour,
1°/ ce n’est pas moi l’auteur de l’article, c’est une traduction d’un article du professeur Dariusz Leszczynski
2°/on pourrait rétorquer la même critique à ceux qui mettent en avant uniquement l’effet nocebo sans parler des autres potentiels causes que ça soit psy, ou maladie idiopathique etc …
3°/Je crois que le MUS est peut être mal approprié car ce n’est pas un symptômes mais un ensemble de symptômes en tout cas en ce qui me concerne, donc ça serait un ensemble de MUS inexpliqués ?
4°/faire un diagnostique différentielle pour écarter les maladies connues est une chose, ne pas écouter les malades et écarter d’office les ondes électromagnétiques de type radiofréquence pourrait être un frein à la connaissance de leurs effets s’ils étaient avérés et à mettre au point un moyen de les objectiver.
Cordialement,
Jérôme
Bonjour,
1/ OK. Merci pour cette précision.
2/ Je ne sais pas de qui vous parlez. L’effet nocebo peut être un mécanisme nécessaire mais pas suffisant pour créer l’effet.
3/ Oui, d’ailleurs contrairement à ce que j’ai écrit dans mon post précédent, les symptômes sont bien au pluriel dans le sigle MUS (medically unexplained symptoms).
4/ Je ne pense pas que l’on puisse honnêtement dire que les ondes électromagnétiques sont « d’office » écartées comme la cause possible. Elles sont vues comme très peu probables pour deux raisons. Tout d’abord il n’existe pas de mécanisme biologique identifié permettant de crédibiliser un effet des ondes. A ce sujet, contrairement à une opinion répandue, l’effet des ondes sur la matière et le vivant est étudié depuis bien longtemps (un siècle au moins) par la science et commence à être très bien connu. Il y a même de très nombreuses méthodes expérimentales basées sur la réponse à ces ondes. Ensuite, la seconde raison est que les essais en double aveugle (qui contrairement à ce que disent certains ont été réalisés en grand nombre avec des protocoles très souvent objectivement robustes) ont tous montrés que les personnes testées (attribuant leurs symptômes aux ondes) ne pouvaient pas en fait percevoir la présence des ondes électromagnétiques. On a même montré que si elles étaient convaincues qu’une onde était présente alors que ce n’est pas le cas, certaines souffraient de symptômes en tout point similaires à ceux attribués aux ondes (comme quoi l’effet nocebo est vérifié – pour certains).
Je sais que c’est très difficile à entendre ce que je dis quand on souffre, et croyez moi que j’en suis vraiment désolé, mais ce phénomène est vue comme hautement improbable par la communauté scientifique certainement pas parce qu’il est écarté d’office mais au contraire à cause de données rigoureuse et largement étayées. C’est un mécanisme en désaccord avec tout ce que l’on connait sur le sujet (tant au niveau physique que biologique) qui disparait si tant est qu’on le mesure de façon contrôlée. Comment voulez-vous dans ces conditions que le phénomène soit considéré plausible ?
Joe
C’est vrai que ça fait plus d’un siècle que l’on doit étudier les radiofréquences, et c’est d’ailleurs assez étonnant que ce phénomène émerge que maintenant, encore que certains avaient constaté déjà des effets : http://ntrs.nasa.gov/archive/nasa/casi.ntrs.nasa.gov/19810017132.pdf
Quant aux tests en double aveugle, votre commentaire démontre parfaitement le problème qu’il y a sur l’objectivation de la maladie, vous parlez d’un coté de symptômes, et de l’autre de perception… deux choses bien différentes…
Vous dites que la causalité avec les ondes est hautement improbable et donc pas impossible, donc le sujet n’est pas a évacuer aussi simplement que cela, c’est pourtant ce que font certains scientifiques.
@+ Jay