ICNIRP : À quand le démantèlement ?


Seuls les faits comptent, et maintenant encore plus que jamais.

Nous sommes tous éreintés et anxieux. Le monde a changé, du jour au lendemain, et nous ne savons pas quand et comment tout cela reviendra à la normal (si l’on peut dire ça ainsi). Une chose dont on ne devrait pas s’en inquiéter est de savoir si oui ou non l’exposition à la technologie 5G est responsable du COVID-19. Ça ne l’est pas. Il n’existe aucune preuve qui suggère le contraire.

De nombreuses données scientifiques ont tendance à démontrer que les rayonnements de type hyperfréquence peuvent affecter les systèmes immunitaires[1]. Mais comme pour tout le reste concernant ces radiations électromagnétiques, les recherches qui auraient dû suivre n’ont pas été faites et personne ne sait avec certitude si le brouillard électromagnétique actuel pourrait nous rendre plus vulnérable aux maladies. J’en reste là sur ce sujet et j’y reviendrais plus tard.

Pour l’instant, on ne peut faire qu’un seul parallèle entre le combat avec le COVID-19 de ces derniers mois et comment on a géré la question des radiations électromagnétiques ces dernières décennies. Dans chaque cas, la science a été relayée au second plan derrière les politiques. L’échec de ne pas avoir séparé les faits de la fiction ont fait que la bataille contre le coronavirus a été beaucoup plus compliqué, surtout aux États-Unis. On peut dire la même chose du traitement des risques sanitaires liés aux champs électromagnétiques par les gouvernements et les comités scientifiques.

Le public a été nourri de mensonges et de demi-vérités sur les effets sanitaires des radiations CEM depuis le temps que je m’intéresse au sujet, c’est-à-dire depuis les années 70. Des compagnes de propagandes ont créé une culture de la confusion, plus précisément concernant le lien entre le portable et le cancer. Dans cette situation, pourquoi les gens sont surpris que les théories conspirationnistes à propos de la 5G aient trouvé une écoute ?

Le site internet Microwave News est rempli d’articles décrivant comment le public a été berné à mainte reprise encore et encore. Pour le coup, nous avons deux exemples de ceux qui sont censés servir d’experts mondiaux afin de nous protéger des risques des champs électromagnétiques: Les membres de la commission internationale de protection des radiations non-ionisantes, l’ICNIRP pour faire court. À travers le monde entier, les normes de l’ICNIRP sont de facto des standards pour encadrer les expositions aux hyperfréquences et aux champs électromagnétiques afin qu’ils soient sans danger.

« Aucune preuve de cancer »

Le premier, nous vient d’Eric Van Rongen des Pays-Bas, l’actuel président de l’ICNIRP. Le Docteur Eric van Rongen a rendu public une présentation de 6 minutes sur la mise à jour des standards d’exposition aux hyperfréquences de sa commission, publiée il y a un mois de cela. À deux minutes de la présentation de son Powerpoint, on peut l’entendre dire, « Il n’y aucune preuve dans toutes les informations scientifiques qu’il y aurait une induction de cancer causé par les champs électromagnétiques de type hyperfréquences ».

ICNIRP: Aucune preuve de cancer Source: ICNIRP

Pour ceux qui se sont intéressés un temps soit peu au sujet savent que c’est, ne mâchons pas nos mots, un mensonge. Le Dr Van Rongen et les autres membres de l’ICNIRP devraient avoir comme punissions de recopier 100 fois sur le plus proche : « Le programme national de toxicologie U.S. a trouvé des « preuves évidentes » que l’exposition aux hyperfréquences peut aboutir au cancer.

J’ajoute de plus que l’étude du NTP est une étude parmi tant d’autres qui montrent que ces radiations peuvent être liées au cancer. C’est l’une des plus importantes et la plus convaincante, mais en aucun cas la seule.

L’ICNIRP ne doit pas être d’accord avec les résultats du NTP, mais c’est ce qu’indique cette étude animale qui a coûté 30 millions de dollars. Ses membres veulent vous faire penser qu’ils sont plus au fait et que les résultats ne sont pas digne de confiance.

Peu de temps après que des détails de l’expérimentation du NTP ont été communiqués, la vice-présidente de l’ICNIRP, la suédoise Pr Maria Feychting, a répandu l’information comme quoi le protocole de l’étude avait des biais. Quand elle fut corrigée sur ses dires, elle se referma comme une huître. Elle ne s’est jamais expliquée, ni même excusée. Est-ce que cela est bien différent des fausses rumeurs sur la 5G et le COVID-19 ? Chacun agit selon ses croyances au lieu et en place de se reposer sur des faits. La machination du professeur Feychting est encore plus dommageable, car elle est soutenue par l’institut Karolinska.

Avis de disparition : Le gros titre de 2018

Le second exemple provient d’un rapport effectué par l’Autorité suédoise de radio-protection par un panel de 9 experts. Chaque année, sa commission fait une mise à jour des informations scientifiques important durant l’année qui s’est écoulée sur la question des champs électromagnétiques et les hyperfréquences. Le Dr Eric Van Rongen et un scientifique suisse, le professeur Martin Röösli, qui fait partie aussi de l’ICNIRP, sont membres de ce panel.(avoir le sceau de l’approbation de l’ICNIRP vous ouvre les porte à d’autres conseils scientifiques)

Le rapport de 2019, qui vient d’être publié, couvre toutes les publications scientifiques « d’avril 2018 jusqu’au mois de décembre 2018 inclus ». Là encore, les deux membres de l’ICNIRP et leurs 7 collègues[2] nous font croire que le rapport du NTP n’a jamais existé. Il n’est mentionné nul part, aucune citation, rien.

Pour information, le rapport final du NTP a été publié le 1er novembre 2018.

Je voudrais aussi ajouter que l’avertissement du NTP était la plus importante révélation sanitaire liée aux radiations électromagnétiques non pas de 2018, mais de ces dix dernières années, si ce n’est de ce millénaire. Pour l’instant, le panel d’expert a choisi de l’ignorer[3].

J’ai demandé au Dr Eric van Rongen et au Pr Röösli, pourquoi les résultats du NTP n’avaient pas été dans leur rapport, alors que ceux avaient été publiés durant la période d’inclusion des informations scientifiques. Chacun d’eux me répondirent que cette étude avait été intégrée dans le précédent rapport (celui qui couvrait le mois d’avril 2017 jusqu’à mars 2018). Pour le Pr Röösli, il se pourrait qu’il se soit trompé de période d’actualisation.

Il y a bien eu une analyse des résultats l’an dernier dans la mise à jour suédoise. Mais c’était basé sur les résultats préliminaires du pré-rapport du NTP dont les auteurs avait considéré qu’il y avait la présence de « quelques indices » de cancer. Plus tard, après une revue publique par un panel de scientifique, le NTP renforça ses conclusions en indiquant qu’il y avait la présence de « preuves évidentes » de cancer.

C’était l’information de 2018. En présence de « preuves évidentes », c’était un changement de paradigme, et laisser ça de coté dans leur rapport annuel était un clair signe de rapport biaisé. Les conclusions sont relativement différentes du premier pré-rapport, il aurait pu très bien figurer en tête d’affiche de la mise à jour du panel. Mais le Dr Eric van Rongen, le Pr Röösli et compagnie l’ont tout simplement ignoré.

C’est l’heure du ménage de printemps

Ça ne peut pas continuer. La première étape concerne l’ICNIRP et dont la dissolution du club des rejetons spirituels du professeur Mike Repacholi serait nécessaire. Le panel suédois devrait être aussi dissolu et reconstitué avec des membres avec des avis plus équilibrés. De plus, tous les comités d’expert devrait être étendu à ceux qui pensent qu’il y a plus qu’un effet thermique en jeu dans la question sanitaire des hyperfréquences.

Mais le plus important: les mensonges et les distorsions doivent stopper. Autrement, la confusion et les théories conspirationnistes vont continuer à bon train. Le résultat final est que la crédibilité de la recherche sur les hyperfréquences sera atteinte, ce qui est, malheureusement, l’objectif de pas mal d’intervenants dans ce domaine.

Source : MicrowaveNews.comTime to clean house – 9 avril 2020
Traduction : Prieur Jérôme
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1.Cindy Sage et Stephanie Kerst ont récemment constitué une liste de plus d’une douzaine d’études scientifiques démontrant qu’il y avait une altération des réponses immunologiques suite à une exposition aux radiation non-ionisantes de basse intensité. Cette liste est disponible sur le site web du Rapport BioInitiative.

2.Les autres membres du comité scientifique de la SSM suédois sont : Anke Huss (Pays-Bas), Aslak Harbo Poulsen (Danemark), Clemens Dasenbrock (Allemagne), Heidi Danker-Hopfe (Allemagne), Lars Mjönes, (Suède, secrétariat scientifique), Leif Moberg (Suède, Président) et Maria Rosaria Scarfi (Italie).

3.Une autre absente du panel du rapport de la SSI de 2018 est l’étude animale de l’institut Ramazzini. Elle aussi a trouvé des signes de cancer du même type que le NTP (Schwanome Malin du cœur). Cette étude avait été publiée en août 2018 dans le journal scientifique Environmental Research. Elle avait été traitée dans la précédente mis à jour où elle a été rejetée avec les arguments suivant, soit trop simpliste, ou au pire pas sérieuse.

Une réflexion sur “ICNIRP : À quand le démantèlement ?

  1. Pourtant le professeur Röösli a participé à des études plutôt à charge sur les effets biologiques (pas seulement cancers et pas seulement hautes fréquences) et sur la non indépendance des études financées par l’industrie, par exemple:
    1- RÖÖSLI M., MOSER M., BALDININI Y., MEIER M., BRAUN-FAHRLÄNDER C., « Symptoms of ill health ascribed to electromagnetic field exposure – a questionnaire survey. », International Journal of Hygiene and Environmental Health, 2004.
    2- FOERSTER M., THIELENS A., JOSEPH W., EEFTENS M., RÖÖSLI M., « A Prospective Cohort Study of
    Adolescents’ Memory Performance and Individual Brain Dose of Microwave Radiation from Wireless
    Communication. », Environmental Health Perspectives, 2018.
    3- SCHOENI A., ROSER K., RÖÖSLI M., « Memory performance, wireless communication and exposure to
    radiofrequency electromagnetic fields: A prospective cohort study in adolescents. », Environment International, 2015.
    4- RÖÖSLI M., LORTSCHER M., EGGER M., PFLUGER D., SCHREIER N., LORTSCHER E., LOCHER P., SPOERRI A., MINDER C., « Mortality from neurodegenerative disease and exposure to extremely low frequency magnetic fields : 31 years of observations on Swiss railway employees.», Neuroepidemiology, 2007
    5- AYDIN D, FEYCHTING M, SCHÜZ J, TYNES T, ANDERSEN TV, SCHMIDT LS, POULSEN AH, JOHANSEN C, PROCHAZKA M, LANNERING B, KLÆBOE L, EGGEN T, JENNI D, GROTZER M, VON DER WEID N, KUEHNI CE, RÖÖSLI M., « Mobile phone use and brain tumors in children and adolescents: a multicenter case- control study. », Journal of The National Cancer Institute, 2011. ( Cette étude qui inclut tous les cas de tumeurs cérébrales chez les enfants en Suisse, au Danemark, en Suède et en Norvège ne conclut pas à l’augmentation du risque pour les enfants utilisateurs de téléphones mobiles par rapport aux non utilisateurs. Pourtant l’étude établit bien une augmentation du risque de 36 %.)
    – 6 RÖÖSLI M., LORTSCHER M., EGGER M., PFLUGER D., SCHREIER N., LORTSCHER E., LOCHER P., SPOERRI A., MINDER C., « Leukaemia, brain tumours and exposure to extremely low frequency magnetic fields : cohort study of Swiss railway employees. », Occupational and Environmental Medicine, 2007.
    7- HUSS A., EGGER M., RÖÖSLI M., VAN NIEROP L., « Source of funding in experimental studies of mobile phone use on health: Update of systematic review », Comptes Rendus Physique, 2010.
    8- HUSS A, EGGER M, HUG K, HUWILER-MÜNTENER K, RÖÖSLI M., « Source of funding and results of studies of health effects of mobile phone use: systematic review of experimental studies. », Environmental Health Perspectives, 2006.

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