Le 14 juillet dernier une note de la direction générale de la santé a été publiée, elle porte sur l’exposition aux radiofréquences de la population et les dispositions à prendre (ou pas) concernant l’électrosensibilité. Pour l’instant cette pathologie est reléguée aux maladies psychologiques en France et ne fait l’objet d’aucune prise en charge sérieuse à l’heure actuelle. Seule exception faite d’un électrosensible qui a réussi à faire reconnaître son électrosensibilité part de la MDPH de l’Essonne et a bénéficié d’une aide pour blinder son logement mais ça reste un cas marginal. Concernant les recherches en cours dans ce domaine il y a deux études à ma connaissance, l’étude Cochin qui ne s’attarde que sur l’aspect psychologique possible de la maladie couplé à une psychothérapie qui est censée améliorer la qualité de vie des malades. Une autre étude menée par l’INERIS quant à elle ce base sur des paramètres biologiques qui laisse espéré des résultats un peu plus probants. Du côté législatif, une loi est dans les tuyaux mais aucune certitude quant à son contenu et encore moins si un jour elle sera promulguée au journal officiel.
C’est dans ce contexte que les associations PRIARTEM et le collectif des électrosensibles ont eu l’opportunité de rencontrer à plusieurs reprises des conseillers du cabinet de Mme Marisol TOURAINE, l’actuelle Ministre de la santé, et avaient réussi à obtenir des avancées notamment en ayant des entrées au sein de la DGS et la prise en compte des griefs concernant l’étude cochin, enfin ça c’est ce qu’ils pensaient car au vu de cette note on est loin des avancées espérées. En effet on apprend dans celle-ci que la DGS reprend l’argumentation de l’ANSES de 2009 quand il s’agit de dire qu’il n’y aucun lien avec les radiofréquences et l’électrosensibilité bien que dans le dernier rapport elle n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet (P.51), préférant attendre le résultat d’études en cours. En même temps ça ne risque pas de changer grand chose puisque dans les études qui serviront a statuer sur le cas de l’électrosensibilité il y a celle de Cochin et comme les critiques sur celle-ci n’ont pas été entendues, le résultat est couru d’avance. Ajouté à cela qu’il y a peu de chance qu’une étude en double-aveugle digne de ce nom ne soit intégrée par L’ANSES et le résultat risque d’être le même qu’en 2009.
Du point de vue médicale, on assiste à un véritable bottage en touche, en ce qui concerne la possibilité de donner des certificats médicaux aux électrosensibles, la DGS ne donne aucune consigne et laisse à l’appréciation des médecins d’en délivrer ou non, ce qui fait que ça sera un peu la loterie, si vous tombez sur un praticien qui est un temps soit peu au courant de cette problématique ça sera bon sinon il faudra tenter votre chance avec un autre médecin … Toujours dans le but de ne pas se mouiller on laisse encore le choix de minimiser l’exposition ou non aux radiofréquences au sein des hôpitaux afin de créer ou non un lieu plus favorable à un électrosensible qui pourrait être soigné sans rajouter la problématique des ondes, sachant que certains centres de soin hébergent de nombreuses antennes relais, d’ailleurs l’APHP qui est en charge de l’étude Cochin doit recevoir un bon paquet d’argent en contre partie de la location de leurs toits et il ne risque pas de les enlever au vu de leur situation financière, on pourra juste noter au passage un léger conflit d’intérêts entre une entité qui, je présume, reçoit des fonds des opérateurs de téléphonie mobile et qui doit en parallèle étudier l’aspect sanitaire des radiofréquences …
La note se termine sur la question des zones blanches, c’est-à-dire les zones qui sont préservées des radiofréquences et qui sont susceptibles d’héberger des électrosensibles qui ne supporteraient plus la pollution électromagnétique dans leur environnement. La encore la DGS se cantonne à l’avis de l’ANSES et ne voit aucune raison d’aménager ce genre de lieu, en revanche elle n’a rien contre une initiative privée sauf que sans appui de l’autorité publique ça risque d’être compliqué puisque les opérateurs ont une obligation de couverture et à moins d’avoir la capacité d’acquérir un espace assez grand, il n’y a aucune garantie qu’une antenne ne mette un terme à ce genre de projet. D’ailleurs c’est ce qui s’est passé Lorsque Michel Rivasi (23:00) s’était mis en relation avec la sécurité sociale qui avait proposé de mettre à disposition un de ses centres de vacances qui était peu exposé sauf que quelque temps après une antenne de Bouygues Télécom a tout remis en question. Et pendant que les autorités sanitaires Françaises essayent d’éluder le problème, en Suisse ils prennent les devants et ont déjà construit un immeuble qui est compatible avec l’électrosensibilité et cerise sur le gâteau les malades sont pris en charge, ce qui est encore loin d’être le cas pour la France qui se réclame des droits de l’homme …
@+ Jay