L’actualité dans le domaine des ondes est pour le moment assez calme en cette rentrée donc je vais revenir sur l’émission du grain à moudre d’été sur France Culture qui a été diffusée au mois d’août concernant le thème de la prise en charge des électrosensibles par les institutions. Elle est présentée par la journaliste Julie Gacon qui s’est entourée de trois invités, Daniel Boy, diplômé de science po et auteur du livre « Pourquoi avons-nous peur de la technologie ?« , Michèle Rivasy, Eurodéputé très active dans le domaine des ondes et fondatrice de l’association CRIIREM et enfin Yannick Barthe, chercheur au CNRS qui enseigne à l’école des mines dans le domaine de la sociologie des controverses.
Daniel bloy va se faire l’avocat du diable et va commencer par la genèse lié aux peurs générées par la technologie avec le nucléaire, les lignes à haute tension et maintenant les antennes-relais. Pour lui, c’est pas tant le fait que la technologie est dangereuse mais plutôt la perception du risque par la population à qui on impose celle-ci sans leur réel consentement notamment dans le cas des antennes. Concernant l’électrosensibilité, il considère que la thèse psychosomatique n’est pas à écarter et qu’il est prouvé qu’on ne peut pas ressentir les ondes, en revanche pour lui l’écoute des malades est fondamentale mais qu’il constate l’arrogance des institutions techno-scientifiques qui ne font pas cette démarche.
Yannick Barthe sera un peu plus tempéré et aura des idées assez intéressantes quant à la reconnaissance et à l’intégration dans la société des électrosensibles grâce par exemple à l’aménagement des postes de travail pour les moins sensibles. Il constate néanmoins la difficulté de la reconnaissance de par la diversité des expériences, de la diversité du tableau clinique et qui a comme conséquence pour cette population de rester invisible car non prise en compte. D’ailleurs il déplore la double peine que subissent les électrosensibles, en plus d’être malade, il sont délaissés et la psychologisation de ce qui est inexplicable est problématique car elle évacue le sujet avant même d’avoir fait des recherches sérieuses sur le sujet.
Michèle Rivasi, quant a elle, rappel que les radiofréquences ont été classées comme cancérogène possible par l’OMS et que des études indépendantes démontrent des effets biologiques. Elle s’agace que dans le domaine des ondes la peur est toujours mise en avant, le recul sur les effets à long terme n’est pas suffisant, surtout qu’il y a une accumulation des fréquences et une globalisation de l’exposition aux ondes. À son avis, l’état peut prendre deux positions, soit il attend les premiers effets avérés sur la santé, soit il prend les devants en passant d’une valeur-limite d’exposition de 61 V/M à 0.6V/M. Enfin elle déplore que le projet de zone blanche à Saint-Julien-en-Beauchêne soit compromis à cause de Bouygues Télécom qui a activé une antenne-relais dans un lieu qui aurait pu accueillir une trentaine d’électrosensibles.
Alors que peut l’état ? Il peut beaucoup de choses notamment via l’ARCEP qui pourrait imposer des zones d’exclusions, mettre à disposition des terrains communaux ou même repeupler certains villages qui sont désertés et ainsi créer des zones blanches mais pour l’instant il ne se contente que de faire des grenelles ou des rapports sans qu’un réel début de réponse émerge pour répondre aux attentes des électrosensible. Ces zones expérimentales pourraient être l’occasion de lancer un vaste plan de recherche qui pourrait amener des réponses à ce mal invisible. Au lieu de ça l’ANSES fait des appels a projets sur lesquels plane des doutes sur l’impartialité de certains chercheurs, un peu à l’image de l’étude Cochin qui ne se base que sur un effet psychosomatique.
La vraie question serait plutôt que veut l’état ? Tout comme la valeur des billets ne réside que dans la confiance que l’on a en eux, il en va de même pour la confiance en la technologie qui vaudrait plus grand chose si elle ne s’avérait pas si inoffensive pour la santé. Cela impliquerait une perte de valeur des bandes de fréquence vendues à prix d’or actuellement, un risque de faillites pour certains opérateurs et tout un pan de l’économie qui s’écroulerait ce qui serait fatal pour le pays dans le contexte actuel. Bien que pour le moment l’état à cédé aux champs des sirènes des lobbys et fait obstruction à toute initiative législative afin de ne serait-ce que d’étudier la question dans un rapport, un moment ou un autre l’état devra faire des choix sur la question de l’électrosensibilité, pour l’instant il préfère sacrifier une partie de sa population plutôt que de faire face au problème, mais pour combien de temps encore ?
@+ Jay