Le documentaire WiFried programmé sur la chaîne australienne ABC, et présenté par le docteur Maryanne Demasi, aura fait du bruit le 16 février dernier, peut-être un peu trop bruit aux yeux de certains. 5 mois après sa première diffusion, la chaîne a fait une annonce comme quoi elle se désolidariserait de ce documentaire et suspendait la présentatrice d’antenne ce mardi 5 juillet.
Ce programme remettait en cause le consensus scientifique sur la question sanitaire de l’exposition aux ondes électromagnétiques de type radiofréquence liée aux technologies sans-fil comme le WIFI ou encore la téléphonie mobile. D’après ce consensus, les normes actuelles nous protégeraient de l’effet thermique, seul effet reconnu et qu’il n’y aurait aucun effet biologique délétère.
Pour l’occasion, plusieurs personnalités dont le docteur Devra Davis, le professeur Leszczynski ou encore le professeur Amstrong avaient été réunis pour dénoncer le fait que les normes ne seraient plus à jour ou encore la causalité entre certaines tumeurs et l’usage du téléphone portable. Seul le professeur Karipidis de l’ARPANSA, l’agence sanitaire australienne, avait fait contre-poids.
Ce documentaire avait donc fait l’objet de vives critiques, dès le lendemain même de sa diffusion, plusieurs scientifiques avaient dénoncé dans un article du Sydney Morning Herald, son caractère à charge à l’encontre des technologies sans-fil. Parmi-eux, le professeur Chapman qui dénonçait la causalité entre les tumeurs et l’usage du portable ou bien Rodney Croft, membre de l’ICNIRP, l’organisation à l’origine des normes actuelles, indiquait qu’il n’y avait pas d’effet substantiel constaté dans la littérature scientifique.
La chaîne a donc chargé son service indépendant des affaires d’audience et du consommateur (A&CA) d’investiguer au sujet des toutes les plaintes reçues et en a conclu que ce programme « a compromis les standards d’impartialité de la chaîne ABC en favorisant indûment la perceptive non-conventionnelle que les objets sans-fils et le WIFI posent des risques significatifs pour la santé. »
Parmi les griefs retenus, ABC reproche au documentaire de ne pas fournir le contexte de la classification de l’OMS des radiofréquences comme possiblement cancérogène (2b), qui fait suite à des études qui démontrent une association positive entre l’utilisation du portable et certaines tumeurs mais n’aurait fait aucun lien avec l’utilisation du WIFI.
Un rapport et une étude scientifique ont été remis en cause, le rapport Bioinitiative a été cité sans qu’il ne soit fait allusion aux critiques scientifiques dont il a fait l’objet, notamment au sujet de son indépendance. Idem pour l’étude scientifique de 2009 qui démontrait un risque accru de cancer chez les adolescents ayant un usage intensif mais qui aurait surestimé le risque et elle n’avait pas été prise en compte lors du classement de l’OMS.
Enfin, la dernière critique concerne sur la latence des cancers par rapport aux expositions, un des intervenants, le docteur Devra Devis avait indiqué qu’il y avait eu une période de 40 ans entre l’apparition des cancers et les bombes nucléaires larguées sur le Japon, cette période de latence est considérée comme exagérée en ce qui concerne le cancer du cerveau.
Suite à ces constatations, le directeur de la chaîne, Richard Finlayson a indiqué qu’il y aurait une annonce à propos de ces informations dans l’émission Catalyst de ce mardi 5 juillet, que le documentaire serait retiré du site internet de cette même émission et qu’un article correctif sera publié.
La réaction vindicative de la chaîne sur la question des ondes électromagnétiques montre à quel point c’est un sujet sensible, certains comme l’ATMA, le lobby télécoms australien, ne sont pas étranger de cette décision car ils ne se sont pas privé de se plaindre et de remettre en cause ligne par ligne une grande partie du documentaire (voir ci-dessous). Autant on peut comprendre la mise au point et la rectification sur certains aspects du programme, mais de là à mettre sur la touche une journaliste et retiré le documentaire, c’est dire s’il n’y a pas que les ondes auxquelles on peut devenir hypersensible, la remise en cause d’un business a l’air de faire le même effet…
@+ Jay
Réaction de l’intéressé sur twitter : no coment
Source : abc.net
Cliquer pour accéder à 317543188-final-report-catalyst-wifried-investigation.pdf