Le casse-tête du schwannome et des radiofréquences


« Est-ce qu’un portable rangé dans une poche pourrait être à l’origine d’une tumeur au niveau de la cuisse ? »

Trois médecins ont publié une observation médicale sur le cas clinique d’un Italien de 40 ans qui a développé une tumeur dans sa cuisse, située non loin où il rangeait habituellement son téléphone portable dans la poche de son pantalon.

Ce cas a été publié à la fin août dans la revue scientifique en accès libre à comité de lecture intitulée « Cas Clinique en Radiologie » (Radiology Case Reports).

La tumeur, une masse qui ne provoquait pas de douleur, mais était en régulière augmentation dans la cuisse gauche sur une période de 6 mois. Elle a grossi au niveau des cellules de Schwann, aussi connu sous le nom de schwannome. Elle était bénigne.

Les cellules de Schwann jouent un rôle important dans le fonctionnement du système nerveux périphérique. Elles sont à l’origine de la gaine de myéline qui isole les fibres nerveuses et améliore la conductivité des impulsions électriques. Elles sont présentes dans la plupart des organes du corps, que ça soit chez les humaines, les souris ou les rats. [NDLR : référence à l’étude du NTP]

Les auteurs, deux Italiens et un Marocain, reconnaissent qu’ils ne peuvent pas « établir un lien avec certitude » entre la tumeur et le placement du portable au niveau de la poche de son pantalon, mais ils indiquent que ce cas clinique « souligne le besoin de faire plus de recherche sur cette problématique. »

Un second cas rapporté

Microwave News a pris connaissance d’un second cas similaire et qui n’a pas encore été publié. Cela concerne un schwannome qui s’est développé dans l’avant-bras d’une femme italienne, près d’une poche où elle avait l’habitude de mettre son téléphone portable quand elle faisait son sport durant 1 heure par jour, tous les jours, pendant plus de 10 ans.

Ce cas a été rapporté par la scientifique Fiorella Belpoggi, l’ancienne directrice scientifique de l’institut Ramazzini situé à la périphérie de Bologne. Elle s’est retirée de ce poste en 2019, mais elle reste conseillère scientifique de l’institut. Elle a été partie prenante dans l’étude scientifique Ramazzini qui s’est penchée sur les effets à long terme sur des expositions aux radiofréquences, qui a constaté des schwannomes au niveau du cœur chez les rats. (plus d’info d’ici EN)

Le Programme National de Toxicologie U.S. (NTP) avait relevé des schwannomes malins du cœur chez les rats exposés. C’est ce qui a conduit à la fameuse conclusion qu’il y a « une preuve évidente » de cancer suite à une exposition aux radiofréquences.

Le NTP a trouvé des schwannomes dans différentes glandes (salivaires, pituitaires et le thymus), comme dans le nerf trijumeau et les yeux. Le NTP a constaté des schwannomes dans l’utérus, les ovaires et le vagin des rats femelles.

Le fait que les deux études, que ça soit celle du NTP ou de l’institut Ramazzini, relevèrent toutes deux le même type de tumeur laissait à penser pour certains observateurs qu’il y avait de force chance que ça ne soit pas qu’une simple coïncidence.(plus d’info ici EN

Le neurinome acoustique, une forme de schwannome

Un neurinome acoustique est une tumeur du nerf qui relie l’organe auditif au cerveau. C’est aussi un schwannome, qui a été associé avec l’utilisation du téléphone portable depuis un certain temps. Un lien avait été rapporté par le scientifique suédois Lennart Hardell en 2002, et soutenue par Maria Feychting de l’institut Karolinska et par les autres membres du projet InterPhone. Par la suite, cette dernière changea son fusil d’épaule et elle est devenue une porte-voie très critique du risque de tumeur en lien avec le portable.

En 2012, la cour suprême d’Italie a attribué une compensation à un homme d’affaire qui avait développé une tumeur du nerf trijumeau après avoir utilisé son téléphone portable pendant une durée de 12 ans. (un cas similaire italien)

Tout comme les gliomes

Ce qui n’est pas communément reconnu, c’est que les cellules gliales du cerveau ont des similitudes avec les cellules de Schwann comme l’avait mentionné l’étude du NTP dans son rapport final du projet RF (NDLR : RF = Radiofréquences)

« Les cellules de Schwann sont similaires aux cellules gliales situées dans le cerveau dans le fait qu’elles ont pour fonction d’être des partenaires aux cellules nerveuses, spécialisés notamment dans le maintien de l’homéostasie, la formation de la myéline et fournie un support et une protection aux neurones du système nerveux périphérique. »

Les cellules gliales font partie du système nerveux central alors que les cellules de Schwann appartiennent aux système nerveux périphérique.

Les gliomes, les tumeurs issues des cellules gliales, sont les autres tumeurs qui sont le plus souvent associées avec l’utilisation du portable.

Les schwannomes des tissus musculaires

Un schwannome « peut apparaître dans votre corps à tout âge » selon la clinique de Mayo, dans un bras, dans une jambe, cela se manifeste par une masse qui grandit graduellement et sans douleurs. C’est rarement cancéreux, mais cela peut entraîner des dommages aux nerfs allant jusqu’à la perte de contrôle du muscle.

La clinique de Cleveland indique que ces schwannomes sont généralement trouvés dans une population de classe d’âge ayant entre 50 et 60 ans, et rarement chez les enfants. Ils ne sont pas très communs, cela touche moins de 200 000 personnes aux États-Unis, dans 60% des cas de schwannomes bénins, ce sont des neurinomes acoustiques.

Dans la plupart des cas, selon cette clinique, les schwannomes « apparaissent au hasard sans raison connu ».

Une équipe scientifique coréenne a présenté un cas clinique de schwannome dans le muscle du dos d’un homme de 79 ans dans la revue scientifique Nerf (Nerve) en 2020. La tumeur excisée mesurait 2 X 2 X 3.5 cm, l’étude qui présente ce cas est disponible en libre accès.

Source : MicrowaveNews.com
Traduction de l’article : Schwannoma Puzzle du 14 septembre 2023

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