L’OMS va-t-elle se débarrasser de ses habitudes ICNIRPiennes ?

© Yann Forget / Wikimedia Commons / CC-BY-SA-3.0.

Les effets non-thermiques dans la balance, l’héritage de la connivence avec l’industrie du Professeur Repacholi.

Après 8 années de travail, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ré-ouvre son examen des effets sur la santé des radiofréquences dans le cadre d’un rapport synthétique qui servira comme référence pour ses 150 pays membres. Ce rapport servira de guide pour répondre aux inquiétudes qui se répandent à l’ère de la 5G.

L’OMS a mis en place un appel à candidature public au mois d’octobre pour une analyse détaillée de la littérature sur 10 types d’impacts que pourrait avoir ces radiations, du cancer à la fertilité jusqu’à l’électrosensibilité. Certains voient cela comme un signe que l’OMS s’ouvre aux opinions autres que celles de son partenaire de tout temps, La Commission internationale sur la radioprotection non ionisante (ICNIRP). Ils espèrent que l’OMS va finalement être prête à reconnaître les preuves des effets à faible puissance, en particulier le lien émergeant entre téléphone portable et cancer, les autres étant moins ténues.

Les sceptiques n’y voient pas plus qu’une ruse. Ils craignent que l’OMS soit juste en train de faire un geste pour la forme mais qu’au final, elle s’en tiendra à la position toujours retenue par l’ICNIRP, les radiofréquences n’ont aucun effet en dehors de l’effet thermique.

Un créneau serré pour des revues systématiques.

Le rapport sur les radiofréquences, est connu aussi sous le nom formel de monographie des Critères d’hygiène de l’environnement(EHC), sa dernière mise à jour date de 1993, il y a plus de 25 ans. Le programme de l’OMS sur les rayonnements non-ionisants, basé à Genève, commença la révision en 2012 avec comme date de finalisation prévue en 2016. 11 Chapitres du rapport intermédiaire ont été publiés pour avis et une seconde version était en cours suite aux commentaires reçus. Après ça, le processus fut bloqué, et le rapport se perdit dans les limbes…

Mais début octobre, après un long silence, l’OMS a émis un appel à candidatures pour ces 10 « revues systématiques ». Une revue systématique est très formel, vous pouvez vous en rendre compte dans le manuel de l’OMS qui présente les différentes étapes pour développer une recommandation sanitaire, comme pour l’EHC. La version courte est qu’une revue systématique demande beaucoup de travail. Pour l’un des auteurs qui en a rédigé plusieurs de ce type, « ce n’est pas une chose triviale ». Rien que de répondre à un appel pour une revue systématique est compliqué.

Chaque équipe doit être composée au minimum de deux individus, et de préférence dans des localisations différentes. Le manuel de l’OMS indique que ces équipes pour les revues systématiques peuvent être composées de 2 à 6 membres, voire plus dans certains cas.

(Règle de base : En dehors de quelques exceptions, ceux qui ont été interviewés sur l’appel à candidatures de l’OMS ont demandé à rester anonymes afin qu’ils puissent parler librement sans voir leurs chances d’être sélectionnés compromises.)

L’OMS a mis en place un agenda serré. La date limite pour les réponses à l’appel pour l’ensemble des revues était en date du 4 novembre. Les candidats ont moins d’un mois pour rendre leur travail, s’ils ont entendu cet appel à temps. L’appel a été publié nulle part, pas même sur Internet. Emilie Van Deventer, la leader du programme de l’OMS sur les rayonnements, envoya une notification à sa liste de diffusion. Alors que l’appel date de septembre, personne à qui j’en ai discuté n’y a eu accès avant le 8 octobre. Plusieurs l’ont reçu indirectement, comme c’est mon cas.

Emilie Van Deventer a laissé de côté tous ceux qui étaient les mieux placés pour faire connaître cet appel. Dariusz Leszczynski, un professeur retraité d’Helsinki, membre du CIRC lors de l’évaluation des radiofréquences en 2011 et qui est l’auteur du blog « Between rock and hard place » connu par la communauté dans le domaine des radiofréquences, n’était pas sur cette liste. « J’ai appris son existence par hasard, en surfant sur Internet ». (Il ne répondra pas à l’appel) Dariusz Leszczynski publia l’annonce de l’OMS le 9 octobre dernier et ce fut l’un des premiers à le faire connaître.

Tout aussi ignoré, Joel Moskowitz, un chercheur de l’université de Californie à Berkeley, qui écrit un autre blog largement suivi par la communauté sur la question des risques des radiations électromagnétiques. Tout comme Dariusz Lezzczynski, il est assez critique sur la vision thermique de l’ICNIRP.

« Il est assez surprenant de voir qu’ils ont mis une date limite aussi courte, cela va probablement décourager, ceux qui sont bons dans ce domaine et déjà sollicités de participer à cet appel », déclara ce chercheur chevronné qui devrait déposer une proposition. il indiqua aussi « qu’il est assez compliqué de mettre en place une équipe d’un jour à l’autre… »

A marche forcée, mais pas payé

Le rythme ne s’assouplit pas jusqu’à présent. Les officiels de l’OMS ont moins d’un mois pour évaluer les propositions et faire leur choix. Le travail sur les 10 revues doit commencer au plus tard le 2 décembre, et les manuscrits doivent être soumis à un journal scientifique en accès libre dans les 12 mois.

Une chose a noter: « Il n’y a pratiquement pas d’argent pour les participants. L’OMS déclara « qu’il y aura une petite contribution pour les coûts de fonctionnement ». Dans un échange de mails, Emilie Van Deventer ne va pas publier le budget alloué, elle indiqua seulement qu’il n’y aura pas assez de fond pour « couvrir l’ensemble des fonds nécessaires pour réaliser des revues systématiques ».

Selon le manuel de l’OMS, les membres des équipes qui travaillent sur ces revues systématiques « ne doivent avoir aucun conflit d’intérêts que ça soit financier ou non ». Tous les candidats doivent soumettre une déclaration détaillée des liens d’intérêts, ce qui inclut les revenues de ses employeurs ou de consultant, les dons et les investissements.

Dans l’appel, il est indiqué que chaque déclaration « sera évaluée au sujet des conflits d’intérêts ». Personne, apparemment ne sera automatiquement disqualifié sur les conflits apparents, comme ça avait été le cas lors de la revue sur les radiofréquences par le CIRC en 2011(Plus d’info ici, le CIRC, une agence de l’OMS).

Qui est le sélectionneur ? Et pourquoi tant de hâte ?

Tous ceux que j’ai contactés se sont demandés qui allait sélectionner les « nominés » ? Quand j’ai posté la question à Emilie Van Deventer, elle répondit que ça allait être « le secrétariat de l’OMS », ajouta qu’un « processus interne rigoureux » allait être suivi.

Même après avoir été sélectionnée, l’identité des élus ne sera pas immédiatement révélée. Emilie Van Deventer indiqua qu’elle ne prévoyait pas de publier les nominés lorsque les décisions seront prises. Au final, nous ne serons pas au courant de qui est en charge de ces revues jusqu’à ce qu’elles soient publiées.

L’autre question qui vient à l’esprit, « pourquoi autant d’empressement? », après tout, le travail sur les radiofréquences a débuté en 2012, un mois ou deux de plus pour laisser un peu plus de temps aux candidats n’aurait pas changé grand-chose…

Dans les faits, les managers dans le domaine des rayonnements électromagnétiques de l’OMS savaient depuis des années que ces revues systématiques étaient requises. Cela fait partie des nouvelles procédures pour écrire ce genre de document, selon le manuel de L’OMS. Emilie Van Deventer devait juste émettre un appel à candidatures. Elle présenta ce qui devait être fait durant une réunion devant un comité consultatif dans le cadre du projet EMF à Genève en juin 2017. Elle estimait que 15 revues devaient être nécessaires pour un coût unitaire de 10 à 15 000$. Et paramètre important, elles devaient être « externalisées ». Seul hic, il n’y avait aucun fond pour les payer…

Au cours de l’année dernière, Emilie Van Deventer a régulièrement tenu au courant l’Union Internationale des Télécommunications concernant la question de l’EHC sur les radiofréquences. L’ITU, qui fait partie aussi des Nations Unies, est un partenariat public/privé avec des gouvernements et des membres de la corporation. Dans chaque prise de parole, Emilie Van Deventer indiquait que l’OMS allait poursuivre « l’analyse, la révision et la mise à jour de l’ébauche de rapport datant de 2014 ». En mai de cette année, elle déclara à l’ITU qu’elle allait commander 8 revues systématiques, cette liste sera étendue plus tard à 10.

Slide No.25, Présentation d’E. van Deventer à l’ ITU, datant probablement du 20 mai 2019*

Quelques jours plus tôt durant la même conférence de l’ITU, le Mobile and Wireless Forum, une association connue aussi sous le nom de Mobile Manufacturers Forum, elle était invitée pour donner une présentation sur « les préparatifs de la 5G: La recherche liée à l’exposition aux radiofréquences ».

Les échanges de mails, dont Microwave News a pu prendre connaissance, montre que la présentation d’Emilie Van Deventer a très bien circulé chez les membres de l’ITU, tout du moins ceux qui suivent la question sanitaire.

Si Emilie Van Deventer savait plusieurs années auparavant que les revues systématiques étaient nécessaires, pourquoi a-t-elle donc attendu jusqu’à maintenant pour faire son appel à candidatures et laisse donc seulement un mois pour répondre à celui-ci? Je lui ai demandé mais ne n’ai pas eu de réponse de sa part. J’ai aussi demandé au service de communication de l’OMS d’expliquer cette précipitation. Personne ne prit le temps de me répondre ni même de prendre en compte ma demande.

Autre question, pourquoi les managers appartenant à l’industrie des télécoms sont mieux informés sur les revues à venir que ceux qui s’occupent de cette question sanitaire et qui vont au final les réaliser ?

Est-ce que l’appel à candidatures est faussé en faveur de l’ICNIRP ?

La notification tardive et la date de fin des candidatures mène à se poser la question, qui a manœuvré au sein de l’OMS pour avoir un agenda qui aide l’ICNIRP à garder la main. « Je suspecte que certains ont déjà été pré-sélectionnés pour faire ces revues », d’après un observateur européen. « Même si ça ressemble à une approche ouverte et équilibrée, je ne suis pas convaincu qu’au final il ne vont pas choisir l’ICNIRP & Co » selon un vétéran dans ce domaine.

Les membres de l’ICNIRP devraient être bien placés pour répondre à l’appel à candidatures. Ils ont récemment finalisé leur propre revue sur la littérature dans le domaine des radiofréquences afin de mettre à jour de leurs normes dont les dernières dataient de 1998.

Dans un échange par mail, Éric Van Rongen, le président de l’ICNIRP, déclara que « les normes sur les radiofréquences sont sous presse et la publication devrait être attendue avant la fin de l’année ». Dans une présentation en avril dernier à Paris, Éric Van Rongen a révélé que les normes sur les expositions seront basées uniquement sur les effets thermiques. Il n’y a « aucune preuve que les radiofréquences puissent causer des maladies comme le cancer » selon lui. Éric Van Rongen fait partie aussi du conseil de la santé Néerlandais.

Deux importants rapports faits par des membres de l’ICNIRP ont été récemment publiés : L’un sur les études épidémiologiques et l’autre sur les études animales du NTP et Ramazzini. Comme Éric Van Rongen le réaffirme, rien ne laisse pensé qu’il y aurait une causalité, voire une possibilité de risque de cancer en corrélation avec les radiofréquences.

Entre l’OMS et l’ICNIRP, un lien intime qui ne date pas d’hier

Depuis le début, le projet EMF de l’OMS et l’ICNIRP ont été interdépendants. Ce n’est pas surprenant car depuis Michael Repacholi, un biophysicien qui a fini sa vie professionnelle en bureaucrate, a été l’instrument de la mise en place de ces deux organisations, L’ICNIRP en 1992 et 4 ans plus tard, créa le projet EMF.(Vous pouvez retrouver son CV ici)

Dès le départ, le projet EMF s’appuyait sur l’ICNIRP pour son expertise scientifique, ou dans un langage plus onusien, de servir de « secrétariat scientifique ». En 2005, 7 ans avant que le travail sur l’EHC portant sur les radiofréquences commence, l’OMS chargea l’ICNIRP de faire la revue de la littérature sur les effets sanitaires, et Michael Rapacholi annonça que son travail « servira de base » pour cette EHC. Il a été complété en 2008.

Rick Saunders et Éric Van Rongen, à l’époque, respectivement membre et conseil pour l’ICNIRP, ont été amenés à aider l’OMS « à finaliser » cet EHC.

Le travail sur cet EHC a commencé au meeting à Genève en janvier 2012. L’EHC devait se baser pour une grande part sur la revue de la littérature de l’ICNIRP, d’après le rapport annuel du projet EMF de 2012-2013. Un groupe principal (core groupe) a été mis en place pour aider à développer l’EHC. 5 de ces 6 membres** ont des liens étroits avec l’ICNRIP. Éric Van Rongen, qui a depuis rejoint l’ICNIRP, était dans ce groupe. (il est devenu membre en 2016)

Ce petit noyau, avec l’aide de dizaine de conseillers, ont établis les brouillons des 11 chapitres qui ont été soumis à commentaire au public en 2014.

Une réunion controversée à Genève

Le rapport intermédiaire a suscité de forte réaction. Il y a eu 686 commentaires en tout et pour tout, et un bon nombre d’entre eux critiquèrent l’OMS pour avoir sous-estimé les effets à basses intensités et non thermiques. L’OMS n’a pas publié ces commentaires, évitant ainsi de faire les comptes entre les pour et les contre.

Plus tard, dans un courrier qui a largement circulé dans la communauté mais destiné en première intention à Maria Neira, responsable exécutif en charge au sein de l’OMS, Oleg Grogoriev, le président du comité national russe sur les radiations non-ionisantes, se plaignit que le groupe principal qui a fait l’ébauche du rapport « n’était pas équilibré et ne représentait pas le point de vue de la communauté scientifique qui étudie les effets des radiofréquences ». Lui et d’autres, étaient déçus que l’OMS n’ait pas surpassé le dogme de l’unique effet thermique qu’encense l’ICNIRP.

Le 3 mars 2017, au même moment que la lettre d’Oleg Grigoviev arriva sur le bureau de Maria Neira à Genève, elle et Emilie Van Deventer reçurent une délégation de 5 membres *** de l’institut européen de recherche sur le cancer et l’environnement. Ils étaient eux aussi là pour délivrer le même message: L’EHC sur les radiofréquences devrait prendre en compte les effets à des niveaux de faibles d’exposition.

La réunion ne s’est pas très bien passée. Maria Neira était fermée à toute discussion et rejeta l’idée même d’une collaboration. Elle ajouta qu’il ne fallait pas s’attendre à de nouvelles réunions selon un bref rapport de l’un des participants, le professeur Lennart Hardell, un membre de la délégation ECER.

Maria Neira n’a pas répondu à nos demandes à commentaire

Les 5 chercheurs sont rentrés chez eux et plaidèrent leur cause dans un papier scientifique qui a été publié dans la revue Environnemntal Pollution l’an dernier. Voici leur conclusion :

« Il est urgent que les organismes nationaux et internationaux, et plus particulièrement l’OMS, prennent en compte sérieusement ce risque sanitaire et conduisent à mettre en place des recommandations concernant des mesures protectrices afin de réduire ces expositions ».

Après ça, peu de choses ont été dites à propos de l’EHC sur les radiofréquences, tout du moins en public, car Emilite Van Deventer et d’autres se penchaient sur la question de la conformité avec les nouvelles règles de l’OMS que requièrent les revues systématiques, et cela passe par l’ajout d’un protocole qui intègre des organisations non gouvernementales (ONG). L’engagement de l’OMS avec des organismes non gouvernementaux est aussi connu sous l’acronyme FENSA et est en place depuis 2016.

Ces changements ont été mis en lumière durant une réunion du comité consultatif qui a eu lieu en juin 2017, près de 4 mois après, Maria Neira rencontrait les « non-thermalistes ». Emilie Van Deventer expliqua au groupe que « la politique de la FENSA pourrait rendre problématique la quo-publication [de l’EHC sur les radiofréquences] avec l’ICNIRP ». Elle rentra dans les explications :

« Une autre question concerne la coopération avec l’ICNIRP dans le développement de l’EHC. Les directives de l’OMS sur le processus de développement devraient permettre de garantir que les conditions de réalisation nécessaires soient remplies. Cependant, il n’est pas clair que cela soit le cas avec l’introduction de la nouvelle politique liée à la FENSA. »

Le compte rendu de la réunion montre qu’un des participants, qui n’est pas spécifiquement nommé, alerta sur le fait « qu’il y aurait un certain risque d’aligner l’OMS sur l’ICNIRP et le fait de coopérer avec eux risque de ne pas améliorer nos normes. »

Comme Emilie Van Deventer ne répondait plus à mes mails, je me suis tourné vers Éric Van Rongen. Il m’indiqua qu’il y a eu une discussion sur les contraintes des nouvelles règles de l’OMS pour développer des normes et le travail avec les ONG, et il ajouta :

« Il y a des préoccupations sur l’implication personnelle de plusieurs membres du groupe principal qui sont aussi membres de la commission principale de l’ICNIRP (moi-même, Maria Fechting, Guunhild Oftedal) et d’autres experts qui assistaient ce groupe principal et qui sont aussi membres de la Commission ou membre du groupe d’experts scientifiques de l’ICNIRP. »

Investigate Europe se penche sur l’OMS et l’ICNIRP

En mars dernier, l’OMS a été mise sous pression par un autre biais: une équipe de journalistes internationaux, travaillant sous la bannière « Investigate Europe » publia une série d’articles dans les journaux à travers le continent sur les groupes nationaux et internationaux qui mettent en place les normes sur les radiofréquences et les champs électromagnétiques. Ils se sont concentrés sur le projet EMF de l’OMS et sur l’ICNIRP.

Investigate Europe à mis en place un organigramme interactif montrant six organisations clées et leurs liens avec les personnalités importantes et les sources de financement provenant de l’industrie. Certains journalistes désignent l’ICNIRP comme un « Cartel« .

Source: Investigate Europe

Dans un article récapitulatif intitulé « À quel point c’est sans risque ?« , l’équipe a décri comment les accusations de partialité ont fait des ravages parmi les membres du groupe principal de l’OMS appartenant à l’ICNIRP qui ont réalisé les ébauches des chapitres de l’EHC qui a été publiées en 2014.

Quand ces journalistes se sont tournées vers l’OMS pour avoir un commentaire sur cette affaire en décembre dernier, un porte-parole les « assura » que l’agence allait mettre en place un plus large panel afin d’évaluer le travail du groupe principal. Selon l’OMS, les nouveaux participants devraient inclure « un spectre plus large d’opinions et d’expertises ».

Le service de presse faisait référence à un groupe de travail qui devrait reprendre les ébauches des différents chapitres et finaliser l’EHC sur les radiofréquences. Malgré des années à être sur le point de convoquer des membres, Emilie Van Deventer n’a pas encore réuni ce groupe. Éric Von Rongen m’informa néanmoins qu’elle avait identifié une personne qui allait prendre la tête de ce groupe mais il n’avait pas la liberté de révéler son identité.

L’OMS, l’ICNIRP et Michael Repacholi

La plupart des suspicions concernant la manipulation de l’EHC sur les radiofréquences par l’OMS remontent à Michael Repacholi et son héritage de clientélisme et de favoritisme envers l’industrie.

Michael Repacholi, ancien responsable du projet EMF et de l’ICNIRP, était l’un des premiers à participer à l’écriture du rapport de l’EHC de l’OMS, que ça soit sur les hautes fréquences et les basses fréquences, durant près de 30 ans.

En 1981, quand il travaillait pour le département de la santé et du bien-être du Canada, il était dans le comité qui a soumis la première version de l’HEC sur les radiofréquences . Une mise à jour est sortie en 1993 avec Repacholi, qui à l’époque était retourné en Australie, occupant la place de président du panel. 3 ans plus tard, il était à Genève pour lancer et pour faire fonctionner le projet EMF de l’OMS, et il y resta jusqu’à sa retraite en 2007. Avant de partir, Il encadra un rapport EHC sur les champs électromagnétiques de type extrêmement basses fréquences (ELF) à travers la bureaucratie de l’OMS.

La publication des comptes n’a jamais été une priorité pour Repacholi, et les détails du budget du projet de l’OMS et son financement était restreint. Même quand l’industrie de la téléphonie mobile admit qu’elle faisait partie des 6 plus gros donateurs de ce projet, Repacholi garda tout ça très flou.

Les finances de l’ICNIRP ne sont plus transparentes.

Michael Repacholi se retira de l’OMS en 2006 et immédiatement après est devenu un consultant pour l’industrie. Lors de sa première représentation, il a été accusé de déformer le rapport EHC non publié sur les ELF au profit de ses clients. (voir nos articles, sa réponse et la nôtre)

Plus tard, il déclara qu’il voulait mettre les choses au clair, Michael Repacholi révéla que la moitié du projet EMF de l’OMS était financé par l’industrie.

Prendre l’argent de Motorola et des autres associations professionnelles, parmi tant d’autres, violait les règles de l’OMS. Mais Michael Repacholi trouva une solution de contournement en « blanchissant » l’argent en passant par l’hôpital Royal Adelaide, là ou il était scientifique en chef de 1983 à 1991. L’OMS ferma les yeux et encaissa les chèques. L’industrie a été remerciée en obtenant un siège à la table de l’OMS.

L’une des ironies dans la carrière de Michael Repacholi est qu’au milieu des années 90, il mena l’une des premières études scientifiques animales qui confirma le lien possible entre les radiations des téléphones portables et le cancer. Dans un total dédain de la santé publique, il garda les résultats secrets durant 2 ans, informa seulement Telstra, l’opérateur télécom Australien qui commanda l’étude (voir nos écrits). Il y a eu deux tentatives afin de répéter l’expérimentation, mais elles étaient toutes bâclées, et les observations de la première étude restèrent valides.

Pour plus d’informations sur l’historique de Michael Repacholi, vous pouvez suivre nos articles de 2005, Veille sur l’OMS : Mike Repacholi et la farce des EMF.

Source : MicrowaveNews.comWill WHO Kick Its ICNIRP Habit? – 4 novembre 2019
Traduction : Prieur Jérôme

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* La présentation d’Emilie Van Deventer du 20 mai 2019 n’est plus disponible. Noter qu’elle était datée du 17 septembre 2018 dans les titres des diapos Powerpoint. Cela devait être une erreur, une des autres diapos (N.44) provient d’un article publié mi-avril 2019. Les diapos de la présentation du 10 octobre 2018 utilisé lors de la présentation à l’ITU sont disponibles ici.

** Les membres du groupe principal (core groupe) : Maria Feychting (Suède), Simon Mann (Royaume Uni), Gunnhild Oftedal (Norvegè), Maria Rosaria Scarfi (Italie), Éric van Rongen (Pays-bas) and Denis Zmirou (France). Voir la diapo n°12, dans la présentation d’Emilie Van Deventer durant un groupe de travail en mai 2016 au Cape, en Afrique du Sud. Elle était aussi membre du groupe.

*** Les autres 4 membres de la délégation : Dominique Belpomme (France), Igor Belyaev (Slovaquie), Ernesto Burgio (Italie) and David Carpenter (Etats-Unis).

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